LA  CONVERSION  DE  DON  JUAN

 FRANÇOIS BOISDRON



Ecoute bien Don Juan : Je suis le Créateur

Dans le vaisseau du temps, je suis le maître à bord.

Souvent tu cours et fuis, cherchant jeunesse enfuie.

Sourd est ton cœur enfoui ! Vas-tu dire enfin : Oui ?


Dieu

Cours les nanas 

La magnana

Matin minettes

Soirée starlettes.

Poupées gigognes

Mousmés cigognes

Blondes colombes

Roucoulent et tombent.


Satan, Syncopé


Des tours et des vertus il faut faire le siège

Ma fougue est sans répit.. et souvent je l’abrège.

Comtesses, pucelles, hétaïres, je n’entends que soupirs

D’aimer je veux mourir plutôt que tuer désirs.


Don Juan, Ample


Gironde Joconde

Minois matois.

Est-ce Elle ?.. Osez !

Des ailes avez !

Madone fredonne ?

Rengaine ? Aubaine !

Dégaines fredaine,

Paroles s’envolent…


Satan


Telles tes dulcinées  Elvire a tant souffert

Dolorès fut bafouée, des serments à l’enfer.

De force t’ai doté... De ruse sans trop peser !

Pourquoi toujours l’épée ? Pour vivre mille étés ?


Dieu


Vénus ébène   

Mais peu amène,

Ton masque tombe

Caraque sombre.

Talons nubiles,

Filons Idylle.

Douairière altière ?

Guerrier :  Arrière !


Satan


La terre luit de trésors et tout est mouvement, 

Ils sont à conquérir quel qu’en soit le tourment.

La paix est un mensonge, un os que chacun ronge…

Mais j’ai vu Faust en songe : le précipice je longe !!


Don Juan


Fragrances d’essences  

Pistils distillent

Jupon fripon

Prenons frissons !


Satan


Satan arrête !

Oublie ma tête…    (très lentement)

Sève partira,

Bonté aura…


 Don Juan

 
Allez ! viens vers moi Jean, laisse les guet-apens ! 

Respire et prends le temps : C’est mon Avent, Noël attend !

La guerre trop tu sèmes, laisse Mars pour Carême,

Prends repos à Thélème, « Fais ce que veux…mais aime ! »

Dieu

 

 

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