Les tourterelles ont tout compris, ces toutes belles
qui reviennent chaque jour, chaque année
- et le présent de quelque grain n’est que prétexte
au rendez-vous de la fidélité.
Tout avait commencé par cette rencontre
le regard croisé, la parole émue, la main
cherchant la main pour la promesse, le temps
indifférent désormais, l’espace vaincu.
Avant c’étaient quelques bonheurs d’enfance
dans l’échancrure de l’ennui, dans l’inquiétude
adolescente des matins, l’inclémence des temps.
Avant, c’était silence et solitude.
A deux maintenant la vie à conquérir
ensemble, cette lutte du quotidien, ces veilles
autour des grands bonheurs venus, autour des êtres
que nous avons à la lumière invités.
Responsables toute une vie nous voici,
l’homme et la femme que chaque jour inscrit
dans l’exigence de ses questions, la fureur
de ses drames, la clarté de son espoir.
Nous voici bien armés de quelques certitudes,
de jalons d’amitiés à préserver, de signes
pour ancrer le souvenir, comme ces cairns
que le voyageur pose aux chemins d’altitude.
Les discours de circonstance n’ont plus cours
dans la vérité de nos anniversaires
où l’un à l’autre dit sa gerbe de mémoire
et d’amour dans le geste et l’offrande de ces fleurs.
Les tourterelles ont tout compris, ces toutes belles
qui reviennent chaque jour, chaque année
- et le présent de quelque grain n’est que prétexte
au rendez-vous de la fidélité.