« Au commencement des temps, le feu rencontra l’eau, son ennemie, et il s’unit d’amour en secret avec elle. Sève et sang sont eau qui flambe et feu qui coule. »
-Lanza del Vasto
DOREL-HENRI CAUFMAN
LE FEU dit : Je suis la poésie de la vie et mon mouvement, c’est la danse immobilité pulsatile toute nourrie des élans qui maintiennent droite ma stabilité de colonne ;
Je ne m’étends au sol et ne m’avance qu’en brûlant très haut d’abord à contre-ciel, cabré de toutes les pointes qui barbèlent ma stature drapée autour de son axe redoutable ;
Je suis la sentinelle de l’esprit qui veille, et l’horizontale m’est donnée par surcroît : Je suis la verticale du monde.
L’EAU dit : Je suis la Prose de la Vie et mon mouvement, c’est la marche étalement qui stratifie en couches transparentes l’irrésistible recouvrement des choses par les choses ;
Je ne monte qu’en profondeur, patiemment, doucereusement parfois aussi avec furie contre les digues et les quais, que l’on oppose à ma poussée ; si je gagne de la hauteur, c’est que je me suis répandue d’abord de tout mon plat, en y prenant de l’épaisseur, sur notre mère la terre, où il fait bon dormir.
Mon sommeil fût-il agité, je suis toujours celle qui dort, et la verticale m’est donnée par surcroît : Je suis l’horizontale du monde.