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de Elisabeth LAUNAY-DOLET :       

Tout près des nuages...




Tout près des nuages,
tantôt à l’adret, tantôt à l’ubac,
je me tiens toujours dans ce même
instant d’intimité avec un paysage
qui me possède autant
que je le déchiffre.

Pour compagnon
j’ai l’arbre solitaire au
bord du chemin qui mène
aux plus hautes cimes.

Je suis vallonnement de prairies,
je suis forêts de sapins
reposant sur les épaules des monts avec,
auprès des terres brunes,
des troupeaux modestes, recueillis.

Je reste à contempler le ciel d’automne,
les vols de grues cendrées qui traversent
gravement la paix du ciel,
la lumière du ciel,
la douce lumière d’automne.

Je suis le ciel. Je suis l’oiseau et la vallée.
Je suis l’automne qui passe et nourrit
ma pensée d’hiver.
Je suis l’hiver au bord du printemps
et me voici printemps qui regarde l’été.
Eté. Je suis été.

Je suis l’infinie renaissance du temps,
le temps immobile qui efface,
qui plus loin rejette,
comme sur la mer un bois flotté.
Je me tiens contre le néant,
je ne suis pas un songe vain
aux portes de la nuit.
Je suis l’éternelle lumière,
toujours le jour me porte,
c’est le jour qui me tient,
mon corps ne s’est pas encore disjoint.

Le monde parfois m’absorbe,
dans un remous plus violent agite
les atomes qui se disent moi.
Je me défais et je m’élève
dans le bleu de la lune,
les larmes sur mon visage
reflètent les étoiles sans nombre,
ô mon Dieu, qu’est donc cette vie ?

Vallée,
ton village est paisible
où mes cendres reposeront,
dans un creux infime
du secret univers.

Dans la griserie du bleu,
je frissonne et crois
entendre un cri, mon cri,
celui des grues cendrées
en route vers leur repos,
ivres de ciel et de fatigue.

J’accueille la lumière
qui porte la mort qui vient
au futur de mes jours.
Tout ce que j’ai tenu
s’est enfui sans que j’y prenne garde mais,
beautés éphémères, je suis encore là.
Du monde, précieuse rumeur, tout m’est redonné.
Jours et nuits, étincelante écume,
me voici !



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