Elisabeth LAUNAY-DOLET
« L’amour de l’Amour me consume, je m’unis à l’amour, enivré d’amour. »
Jacopone da Todi
Tristan en son doux songe a les yeux clos
Auprès de la fontaine où son âme est bercée.
Le jardin s’enténèbre et se tait
Mais il sait d’obscures fulgurances
Et la blancheur des mains ravivant son tourment
A son front glacé d’espérance.
Pensées vagues mais en traits
O délicieux emportements !
Et comme des oiseaux
Enfuis et sans bruit revenant
Sauf le sifflement pâle des plumes.
Uni à la fontaine est son corps
Lourd sur l’âpre pierre
Et sa noire chevelure
Danse avec les eaux
Dans la lune inversée.
Que fut désir poignant !
Qu’est ce faible reflet ?
Et ce juste mentir ?
Vienne la nuit, sombre songe,
(Nuit rauque, lèvres scellées, pas un mot,
Mais sur sa gorge, endormi, un sanglot),
Vienne la Nuit, divines profondeurs,
Où s’affirma l’aimable folie,
Que naissent de purs étincellements
D’Amour en ce grand dénuement !