LES PAUVRES

 ELISABETH LAUNAY-DOLET

 

Le temps a passé

Et les pauvres sont restés pauvres

En marge des pressés.

 

Voyez les rois de la terre :

Ils sont posés sur un souffle.

Le vacarme des villes

Descend sur eux comme neige

Sur un chemin d’oubli.

 

Poussière parmi la poussière

Se hâtant ou blottie,

Nous sommes semblable chair

Promise à la tombe.

Mais des pauvres la prière monte,

Flamme plus proche comme sont les enfants.

 

Veuillent les pauvres lever leur regard.

Que dans leurs yeux,

S’ils veulent nous les donner,

Nous voyions nos vies fausses

Et nos désirs vides.

Qu’ils daignent se recueillir un instant

Sur notre étrangeté

Et qu’en leur rugosité

Ils nous bousculent.

 

Ils sont bergers bourrus au croisement des routes.

Ils se tiennent songeurs en murmurant le monde.

Le lendemain, ils sont ailleurs.

Ils sont bergers des âmes

Auprès d’un lourd troupeau.

 

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