VOYAGE

 Mikeno

 

Où vont ces voyageurs infatigables ? On les croise sans les voir,

A toute heure du jour, le matin, le soir.

Ils sont mal fagotés, ébouriffés, hirsutes, couleur muraille,

Encombrés de valises ficelées, de balluchons sales.

Ils poussent un caddie délabré, un landau immonde,

Abritant les trésors de leur vie vagabonde.

 

Où vont ces oubliés, ces inconnus,

Ceux qui n’osent plus tendre la main

Car ils ont perdu pieds, trop longtemps,

Ceux que la vie a déçus, repoussés

Et rendus transparents à tout autre vivant.

 

Ils vont sous les ponts, sous les portes cochères,

Cacher l’humiliation, abreuver leur misère,

Au goulot d’une bouteille à laquelle ils s’agrippent

Avant de succomber dans des rêves éthyliques.

 

Et si d’aventure leur périple transite par le hall d’une gare,

Ils resteront à quai pour faire le voyage

Dans le train de l’enfer, et ainsi pas à pas,

Vers un pays mirage d’où l’on ne revient pas.

 

(avr.2002)

 

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