Oh Sae-young, Songe de la falaise, Circé, 2012.

   Traduction du coréen avec une introduction, des notes et un glossaire

   par Tcho Hye-young

Chant de l’offrande de fleurs d’un Ancien


Le bouton de rhododendron fleuri sur la falaise,

Etait-ce vraiment une fleur ?

Les ailes légèrement pliées sur la fleur,

Etait-ce vraiment un papillon ?

Au bout du chemin, il y a la falaise

Et au bout de la falaise, le ciel.

Il prit une fleur de lotus et la montra à l’assemblée[1].

Mille années de méditation face au mur en contemplant le ciel se sont écoulées

Et son regard est toujours aussi frais

Et son sourire embaume toujours l’air de son parfum.

La montagne n’est pas montagne, le temple n’est pas temple.

Hors de la montagne, il y a la montagne ; hors du temple, il y a le temple.

Ainsi avez-vous tenu ce langage :

« Montez sur la falaise, cueillez des fleurs et apportez-les-moi. »

Etait-ce vraiment une fleur ?

Il faut lâcher la longe de la vache que l’on a élevée

Pour prendre le chemin qui permet de voler comme un oiseau.

Etait-ce vraiment un mur ? 








[1] Scène qui symbolise la transmission silencieuse « de mon âme à ton âme ». Selon la légende bouddhique, Brahmā rendit visite au Bouddha au pic des Vautours et lui offrit une guirlande de fleurs de lotus en lui demandant de donner un enseignement. Le Bouddha prit une fleur dans la guirlande et la fit tourner entre ses doigts en souriant, sans dire mot. Seul Mahākā÷yapa, l’un de ses disciples, comprit et sourit à son tour. On aurait là l’origine de l’école du Seon (Zen). Un tel enseignement fut transmis en Chine au VIe siècle par Bodhidharma qui, devant l’incompréhension de l’empereur de Chine, préféra méditer en silence pendant neuf ans selon la méthode spécifique de la « contemplation du mur ».  

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