Monique VINAS
Le XVIème est un peu vaste
Nous avons un bois entier, plusieurs codes postaux et des stades
Le boulevard Lannes, l’avenue Victor Hugo, l’avenue Mozart
Mais… il y a la petite rue Molitor
Les jeunes y sont poussés par La Fontaine et les retraités par Sainte-Périne
Ses deux rangs de platanes les acheminent vers le Jardin des Poètes
Une île de fleurs
Le XVIème est un peu froid
Ambassades d’Algérie, de Grèce ou d’Irlande, et Consulats
Lycées Janson, Claude Bernard, dépôts de la RATP
Mais…il y a un vieux presbytère et une charmante église franciscaine
L’on y chante si fort, l’on y vient si nombreux, il y fait si lourd
Qu’il faudra bientôt consolider les murs et les repousser, paraît-il
Une île de chaleur
Le XVIème est un peu riche
Tailleurs pure laine, bagues de famille et sacs Hermès
Façades de Guimard, boutiques d’Hédiard et Mercédès
Mais… des bergers nous y interpellent
Sur la maison à Deauville, le menu de la fête et la nouvelle garde-robe :
« Quelle importance tout cela aux yeux de Votre Seigneur ? » -
Une île de simplicité
Le XVIème est un peu triste
Nous avions des cinémas, des Cours des Halles, des marchands de dentelle
Aujourd’hui banques, bureaux, agences, font de mornes week-ends
Mais… il y a le Cercle des Poètes
Sa table doit accueillir tant de verres, tant de livres, tant de larmes et de rires
Les cœurs s’y bousculent pour offrir tant de mots si beaux
Puisés au fond d’eux-mêmes et chez les autres
Qu’il faut toujours l’élargir
Une île d’amour